J'ai dans ma bibliothèque le livre "Cent ans de solitude" mais j'ai préféré commencer par l'amour au temps du choléra.
Ici Garcia Marquèz est parfaitement dans cette idée.
Deux personnages qui s'aimeront après l'âge mûr :
Extraits : "Florentino n'eut plus jamais l'occasion de voir Fermina seule, ni de lui parler en tête à tête lors des nombreuses rencontres de leurs très longues vies, jusqu'à cinquante et un ans, neuf mois et quatre jours plus tard, lorsqu'un soir de son veuvage il lui renouvela son serment de fidélité éternelle et son amour à jamais".
"A minuit il enfila son costume du dimanche et joua sous le balcon de Fermina la valse d'amour connue d'eux seuls, qu'il avait composée pour elle et qui avait été pendant trois ans l'emblème de leur complicité contrariée. Il la joua en murmurant les mots, son violon baigné de larmes. Mais derrière la fenêtre ne s'ouvrit pas et dans la rue, nul ne se montra. Cet acte fût pour Florentino un exorcisme qui le soulagea".
Je décrirais Florentino comme ce poète toujours au lyrisme déchirant où la solitude est très poignante. Un personnage avec une fidélité de cœur et non de corps pour Fermina tout au long de sa vie. Un homme que ses pensées torturent.
Extraits : "Il classa les situations imaginables dans lesquelles Fermina et lui auraient pu se trouver et pour chacune d'elles il écrivit autant de modèles qu'il lui semblait y avoir d'éventualités d'un côté et de l'autre.
"Mais bien que ce ne fût qu'une question de formule, Florentino était ainsi et ainsi devait-il être avec toutes les femmes durant toute sa vie. Jamais il ne commit d'impair, ni avec elle ni avec aucune autre, et jamais il ne manqua sa parole. En fait, il se conduisit toujours comme s'il eût été l'époux éternel de Fermina, un époux infidèle mais tenace qui luttait sans trêve pour se libérer de ses chaînes sans éveiller en elle la déconvenue d'une trahison".
"Jusqu'alors l'avait soutenu l'illusion que c'était la monde qui passait, que passaient les habitudes et la mode, que tout passait sauf elle. Mais cette nuit là il avait vu pour la première fois et en toute lucidité comment la vie passait pour Fermina et comment elle passait pour lui aussi, alors qu'il ne faisait qu'attendre".
La relation avec Sara avait été une des plus longues et des plus stables. Sara réussit le miracle de le soulager un temps. Au moins put-il vivre sans Fermina, à la différence d'autrefois, lorsque à n'importe quel moment il interrompait ce qu'il était en train de faire pour la chercher sur les chemins incertains de ses prémonitions, dans les rues les plus inattendues, en des lieux irréels où il était impossible qu'elle fût errant sans but avec au coeur des angoisses qui ne lui accordaient aucune trêve.
Je décrirai Fermina comme une femme qui se veut avoir les pieds sur terre. Elle construira sa vie de couple sous les yeux de Florentino avec un caractère très fort et féminin. Une vie fait de hauts et de bas. Une femme qui repensera à son passé d'une manière très terre à terre mais qui laissera cependant, planer une partie d'ombre et d'incertitude qui cesseront une fois la vieillesse arrivée et l'ultime rencontre qui clôturera cet amour par un second couple tardif mais réel.
Extraits : "Cependant une simple phrase de consolation n'eût pas suffi à effacer le trouble causé par la rupture avec Florentino. Fermina avait continué d'ouvrir la fenêtre du balcon tous les matins pendant plusieurs mois et s'ennuyait toujours du fantôme solitaire aux aguets dans le petit parc désert, regardait le petit parc désert, regardait l'arbre qui avait été le sien, le banc, moins visible, où il s'asseyait pour lire, pensant à elle, souffrant à cause d'elle, et refermait la fenêtre en soupirant : "pauvre homme". Elle souffrit même de la déception qu'il n'eût pas été aussi obstiné qu'elle l'avait cru, alors qu'il était déjà trop tard pour raccommoder le passé, et elle ne cessa d'éprouver de temps à autre le désir tardif d'une lettre qui n'arriva jamais. Mais lorsqu'elle dut prendre la décision d'épouser Juvenal, elle succomba à une crise plus grande encore en s'apercevant qu'elle n'avait pas plus de raisons valables de le préférer qu'elle n'en avait eu de repousser Florentino."
"Elle frissonna à l'idée que cette vision fût un présage de mort et souffrit. Elle se risqua à penser qu'elle eût peut-être été heureuse avec lui,seule dans cette maison qu'elle avait restaurée pour lui avec autant d'amour qu'il avait pou elle restauré la sienne, et cette simple supposition l'effraya car elle lui permit de prendre conscience du malheur extrême auquel elle était arrivée. Alors faisant appel à ses dernières forces, elle obligea son mari à parler avec elle sans faux-fuyants, à discuter avec elle, à se quereller avec elle, à pleurer de rage avec elle sur leur paradis perdu... Ils s'en iraient le jour même et pour toujours à la recherche de l'amour perdu en Europe.
"Fermina s'habitua à voir Florentino d'une autre façon et finit par ne plus faire la relation avec l'adolescent languide qui s'asseyait et soupirait pour elle sous les bourrasques de feuilles jaunes du parc des évangiles. En tout cas, jamais elle ne le considéra avec indifférence et se réjouit toujours des bonnes nouvelles qu'on lui donnait de lui parce que peu à peu elles la soulageaient de sa culpabilité."
La rencontre :
Evoquer le passé ne pouvait sauver l'avenir comme Florentino s'entêtait à le croire. Au contraire : il renforçait chez Fermina la certitude que l'émoi fébrile de leurs vingt ans avait été un noble et beau sentiment qui n'avait rien à voir avec l'amour. Malgré sa franchise brutale, elle n'avait pas l'intention de le lui dire ni par écrit ni de vive voix, pas plus qu'après avoir connu le prodigieux réconfort de ses méditations elle n'avait eu le coeur de le lui avouer combien le sentimentalisme de ses lettres sonnaient faux, combien ses mensonges lyriques le dévalorisaient et combien son insistance maniaque à retrouver le passé nuisait à sa cause. Non : ni une seule ligne de ses lettres d'antan, ni un seul moment de sa propre jeunesse, qu'elle abominait, ne lui avaient fait sentir que les mardis après-midi sans lui pussent être aussi interminables, aussi solitaires et aussi irremplaçables.
Extraits : "Cependant une simple phrase de consolation n'eût pas suffi à effacer le trouble causé par la rupture avec Florentino. Fermina avait continué d'ouvrir la fenêtre du balcon tous les matins pendant plusieurs mois et s'ennuyait toujours du fantôme solitaire aux aguets dans le petit parc désert, regardait le petit parc désert, regardait l'arbre qui avait été le sien, le banc, moins visible, où il s'asseyait pour lire, pensant à elle, souffrant à cause d'elle, et refermait la fenêtre en soupirant : "pauvre homme". Elle souffrit même de la déception qu'il n'eût pas été aussi obstiné qu'elle l'avait cru, alors qu'il était déjà trop tard pour raccommoder le passé, et elle ne cessa d'éprouver de temps à autre le désir tardif d'une lettre qui n'arriva jamais. Mais lorsqu'elle dut prendre la décision d'épouser Juvenal, elle succomba à une crise plus grande encore en s'apercevant qu'elle n'avait pas plus de raisons valables de le préférer qu'elle n'en avait eu de repousser Florentino."
"Elle frissonna à l'idée que cette vision fût un présage de mort et souffrit. Elle se risqua à penser qu'elle eût peut-être été heureuse avec lui,seule dans cette maison qu'elle avait restaurée pour lui avec autant d'amour qu'il avait pou elle restauré la sienne, et cette simple supposition l'effraya car elle lui permit de prendre conscience du malheur extrême auquel elle était arrivée. Alors faisant appel à ses dernières forces, elle obligea son mari à parler avec elle sans faux-fuyants, à discuter avec elle, à se quereller avec elle, à pleurer de rage avec elle sur leur paradis perdu... Ils s'en iraient le jour même et pour toujours à la recherche de l'amour perdu en Europe.
"Fermina s'habitua à voir Florentino d'une autre façon et finit par ne plus faire la relation avec l'adolescent languide qui s'asseyait et soupirait pour elle sous les bourrasques de feuilles jaunes du parc des évangiles. En tout cas, jamais elle ne le considéra avec indifférence et se réjouit toujours des bonnes nouvelles qu'on lui donnait de lui parce que peu à peu elles la soulageaient de sa culpabilité."
La rencontre :
Evoquer le passé ne pouvait sauver l'avenir comme Florentino s'entêtait à le croire. Au contraire : il renforçait chez Fermina la certitude que l'émoi fébrile de leurs vingt ans avait été un noble et beau sentiment qui n'avait rien à voir avec l'amour. Malgré sa franchise brutale, elle n'avait pas l'intention de le lui dire ni par écrit ni de vive voix, pas plus qu'après avoir connu le prodigieux réconfort de ses méditations elle n'avait eu le coeur de le lui avouer combien le sentimentalisme de ses lettres sonnaient faux, combien ses mensonges lyriques le dévalorisaient et combien son insistance maniaque à retrouver le passé nuisait à sa cause. Non : ni une seule ligne de ses lettres d'antan, ni un seul moment de sa propre jeunesse, qu'elle abominait, ne lui avaient fait sentir que les mardis après-midi sans lui pussent être aussi interminables, aussi solitaires et aussi irremplaçables.
Une phrase marquante :
- "La mémoire du coeur efface les mauvais souvenirs et embellit les bons, et c'est grâce à cet artifice que l'on parvient a accepté le passé".
Je conseille de le lire et si l'envie vous tente, vous pouvez regarder l'adaptation cinématographique !