mercredi 4 décembre 2013

Vos désirs sont désordres de Mako Yoshikawa

Un livre qui parle d'une histoire d'amour qui se termine mal. Des personnages attachants dont les caractéristiques atypiques sont émouvants bien que l'histoire ne m'ait pas poussé à lire le livre rapidement.
J'attribue donc un moyen moins à ce roman qui contient cependant des passages que j'ai apprécié et des échanges entre une femme et sa grand-mère japonaise qu'elle chérit mais qu'elle n'a pas vu et qui ne parle pas anglais.
Je vous présente donc les personnages qui j'ai aimé et les passages que j'ai corné :

Phillip : 
"Il avait laissé tomber ses études pour devenir un vagabond sans adresse fixe ; souvent, dans ses pérégrinations, il n'avait même pas de lit et dormait sous le plus gros arbre qui se trouvait dans les parages, ou bien à l'abri d'un rocher. La plupart du temps il n'avait pas d'argent, ni bien des fois la moindre idée d'un moyen de s'en procurer, et il n'avait pas un mais cent métiers. Ses ambitions et ses projets n'allaient pas au delà de l'étape suivante. Il paraissait flotter dans l'espace, sans but, mais peut-être pas moins désorienté que je ne le suis".Il avait été agressé à Rome, menacé par une bande armée en Equateur et, pour des raisons qu'il n'était jamais vraiment parvenu à éclaircir, les Turcs l'avaient gardé deux nuits en prison. Peu de temps après notre rencontre, il m'affirma qu'il était fatigué des voyages et que c'était à New-York qu'il s'installerait. Mais je ne l'ai jamais vraiment cru. Il avait escaladé des sommets et parcouru la jungle à pied ; il avait traversé à gué les fleuves les plus dangereux. Il est mort seul, au Népal".
Toujours par monts et par vaux, il était inconstant aussi bien envers les femmes qu'envers les lieux et aujourd'hui encore, je ne suis pas sûre que notre amitié ait eu quoi que ce soit de spécial. Je n'ai peut-être été  que l'une de ses nombreuses amies passagères, et lui un simple coup de cœur, une passion intense mais sans substance, condamnée à être brève et décevante. 
Kiki : 
"Même à Princeton, dans mes périodes de plus grande débauche, je restais toujours, d'abord et avant tout, une bonne élève, m'imposant un programme d'études rigoureux que je respectais scrupuleusement et me punissant en travaillant deux fois plus quand je ne réussissais pas à atteindre mon objectif. J'aspire à suivre le courant dominant et c'est avec la fureur du désespoir que je m'accroche à ce qui est droit et étroit".
Mais en dépit de toutes nos différences, Phillip et moi avions une chose en commun : nous savions l'un et l'autre ce que c'est que d'avoir des parents qui ne se parlent plus.
Les pensées de Kiki :
Sa grand-mère : 
Grand-mère, murmurerai-je en interrompant mon récit décousu, j'ai eu tort de croire qu'il ne me désirait pas. Mais je t'en prie, dis-moi si j'aurais dû m'en rendre compte. Si je n'ai pas su lire les signaux, était-ce par bêtise, ou seulement parce que j'avais peur ?
Grand-mère dirai-je, la seule chose qui nous aura manqué, à Phillip et à moi, c'était du temps.
Ma grand-mère chérie : existe t-il un moyen facile de se dire adieu ?
Leur relation :
Vous vivez tous les deux dans un monde à part, Phillip avec son métro et sa bougeotte, toi avec tes livres. Vous allez bien ensemble, bizarrement. J'ai senti mon cœur battre en entendant ces mots, auxquels se mêlait, quoi qu'elle dise, une très légère amertume.
Même si je croyais alors que la relation qui nous unissait était unique, je constate qu'il n'en est rien dès que je sors des limites de mon appartement. Les grands amours de l'histoire et de la littérature n'excitent pas ma jalousie et je reste froide à l'idée d'une passion qui ferait vibrer le public de théâtre. Mais le spectacle d'un vieux couple s'aidant mutuellement à descendre un escalier me rend si mélancolique que je ne peux m'empêcher de les suivre du regard, tout en me disant que je ne le devrais pas. J'aurai aimé connaitre ça avec Phillip, mais je sais en même temps que c'est un souhait surréaliste, stupide, naïf, puisque dès le départ les cartes en avaient décidé autrement.
"Bon on se reverra bientôt". Il se pencha pour me donner un de ses baisers maladroits, tandis que son haleine me réchauffait momentanément le visage et que sa bouche s'écrasait sur mon sourcil gauche. Je le saisis par le revers de sa veste et le serrai contre moi, une seconde, puis trois, puis cinq, avant de le lâcher. A bientôt dis-je - Je reviendrai, tu sais. Je te le jure. Croix de bois, croix de fer, et si je meurs je vais en enfer.
Avant son départ "Tu ne parles pas sérieusement ? fis-je éberluée. Mais j'ai compris qu'il ne plaisantait pas, mes orteils s'enroulèrent tout seuls de joie. J'avais envie de chanter, de danser, de pleurer et de rire. Mais je me mis à trembler, soudain terrifiée par cette pensée qui me traversa l'esprit : voilà à quoi ressemble le bonheur à l'état pur. " Je n'ai plus envie de partir, dit-il".

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