Voilà le scénario qui donna le film Hiroshima mon amour. J'aime son style et les images qui défilent dans ma tête tout en parcourant les pages du scénare. Les phrases courtes et fortes sont bien pour "Durer".
Une histoire d'amour impossible et courte dans un lieu qui se voulait la douleur historique et pourtant effacée par la vie qui suit son cours.
Extrait de la synopsis :
"Elle apparaît tout à coup, complètement habillée en infirmière de la Croix Rouge. Dans ce costume, qui est en somme l'uniforme de la vertu officielle, il la désirera de nouveau. Il voudra la revoir. Il est comme tout le monde, comme tous les hommes, exactement, et il y a dans ce déguisement un facteur érotique commun à tous les hommes.
Pourquoi, alors qu'elle aussi le désire, ne veut elle pas le revoir ?
Elle n'en donne pas de raisons claires. Au réveil, ils parleront aussi de son passé à elle. Que s'est-il passé dans sa vie pour qu'elle soit ainsi, si libre et traquée à la fois, si honnête et malhonnête à la fois, si équivoque et si claire ? Si désireuse de vivre des amours de rencontre ? Si lâche devant l'amour ?
Elle le regarde. Ils se regardent, dans l'amour le plus grand. Amour sans emploi, égorgé comme celui de Nevers. Donc relégué déjà dans l'oubli. Donc perpétue. Elle ne le rejoindra pas.
Sur le désir :
Elle : ...je te rencontre. Je me souviens de toi. Qui es tu ? Tu me tues. Tu me fais du bien. Comment me serais-je doutée que cette ville était faite à la taille de l'amour ? Comment me serais-je doutée que tu étais fait à la taille de mon corps même ? Tu me plais. Quel événement. Tu me plais. Quelle lenteur tout à coup. Quelle douceur. Tu ne peux pas savoir. Tu me tues. Tu me fais du bien.
Sur son choix :
Elle : Je suis d'une moralité douteuse, tu sais
Lui : Qu'est-ce que tu appelles être d'une moralité douteuse ?
Elle : Douter de la morale des autres.
Lui : Je voudrais te revoir. Même si l'avion part demain matin. Même si tu es d'une moralité douteuse.
Elle : Non.
Sur le départ :
Elle : Eloigne-toi de moi.
Lui : Le jour n'est pas encore levé...
Elle : Non. Il est probable que nous mourrons sans nous être jamais revus ?
Lui : Il est probable, oui. Sauf, peut-être, un jour, la guerre...
Elle : Oui, la guerre...
Sur l'oubli :
Elle : Ah c'est horrible. Je commence à moins bien me souvenir de toi.
...Je commence à t'oublier. Je tremble d'avoir oublié tant d'amour...
Lui : Dans quelques années, quand je t'aurai oubliée, et que d'autres histoires comme celle-là, par la force encore de l'habitude, arriveront encore, je me souviendrai de toi comme de l'oubli de l'amour même. Je penserai à cette histoire comme l'horreur de l'oubli. Je le sais déjà.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire